Le Goût de Penser

Après avoir distinguer la véritable décision de la fausse décision, après avoir compris les mécanismes qui provoquent l'illusion de la liberté, nous cherchons ici à comprendre comment favoriser un rapport au monde permettant l'émancipation. Entre accepter et résister, entre suivre et s'opposer, comment trancher ? L'effort est peut-être la marque de notre autonomie...

Nous avons le sentiment d'être libres lorsque nous prenons des décisions. Pourtant, certains choix ne sont libres qu'en apparence. L'habitude des anti-décisions - que nous avons défini dans l'émission précédente - nous fait prendre le monde, l'autre et nous-mêmes comme des objets de caprices.
Mais le monde peut-il se réduire à un ensemble d'options à choisir ? Chaque événement que nous vivons doit-il être soumis à la dissection de nos goûts et de nos jugements ? Est-il possible d'avoir un rapport au monde, à l'autre ou à soi-même sans nécessairement chercher à y voir en permanence sa propre autorité ?

Et si nos petits choix réflexes, nos caprices momentanés, ou nos instincts de consommateur n'étaient que des exemples d'anti-décisions ? La véritable décision réclame une délibération comme condition de l'engagement, comme condition de la responsabilité. Peut-être pourrions-nous mieux nous connaître pour distinguer ce qui dépend de nous de ce qui ne dépend pas de nous, ce qui vient de notre volonté de ce qui vient de nos déterminismes ?

Tout se passe comme si nous n'avions plus qu'à décider ! Lavage à 50 ou Big Mac double cheese ? Vaccin ou avion ? Piscine ou SUV ?
La profusion de choix que nous avons à faire dans notre société de nantis est-elle la marque de notre liberté ou de notre impuissance ?

Comment l'image que nous avons du surf et qui est partagée par le plus grand nombre empêche l'accès à une pratique complète et engageante vécue par une minorité ? Y a-t-il des bonnes raisons de surfer ? Le rapport à la vague ne nous indique-t-il pas une voie de réalisation de la pratique ?