Le Goût de Penser

La Philosophie, encore méconnue du grand public, est l'objet d'un grand nombre de confusions. Pour beaucoup, la philosophie ne se distingue pas de la psychologie, de la psychanalyse, de la sociologie ou encore du développement personnel. C'est ce dernier qui va nous intéresser pour une nouvelle série d'émissions.
Qu'est-ce que le développement personnel ? Qu'y a-t-il de personnel dans des préceptes qui traversent tous les océans et font des millions d'adeptes ? Que se cache-t-il derrière l'industrie du bien être ? Sur quelle base se construit-elle ? Le développement personnel a-t-il bien conscience des présupposés qu'il véhicule ?

Nous pensons souvent que le monde est contre nous. Si nous ne nous sentons pas libres, c'est que quelque chose d'extérieur nous en empêche. Pourtant, l'histoire de l'homme montre que nous nous sommes éloignés de bon nombre des déterminismes naturels.
Mais pourquoi cherchons-nous à gagner en liberté ? Pourquoi la limite nous est intolérable ? N'y aurait-il pas autre chose à désirer ?

Ce qui nous contraint ou ce qui oriente notre pensée malgré nous, n'est pas seulement le monde autour de nous. Ce qui nous empêche d'être libre ne vient pas nécessairement de l'extérieur.
Nous avons en nous-mêmes des fonctionnements qui limitent notre liberté et nous empêchent d'avoir pleinement le contrôle. L'exigence de liberté se trouve alors confrontée à des murs infranchissables.

Notre existence impose un cadre. En prendre conscience, c'est apprendre à connaître les conditions de sa vie. C'est sortir de cette illusion troublante qui nous fait considérer NOTRE vision du monde comme LA vision du monde. De notre naissance à notre mort, nous sommes déterminés par tout un tas de causes qui orientent nos pensées et nos actions.

Vaut-il mieux voir ce qui nous détermine ou faire semblant que ça n'existe pas ?
Le prisonnier doit-il chercher à voir les barreaux de sa cellule ou préférer s'inventer un monde sans barreau ? Doit-il être lucide ou doit-il baigner dans l'illusion ? En d'autres termes, le sentiment de bien être suffit-il à légitimer la cécité et l'illusion ?